Encore un effort Monsieur Fillon !

Publié le par Desirs d'avenir de Livry-Gargan

SEGOLENE ROYAL, présidente PS de Poitou-Charentes.
L'ex-candidate à l'Elysée réagit aux dernières annonces du Premier ministre sur la taxe carbone et dévoile ses ambitions pour les élections régionales.


Le Premier ministre, François Fillon, affirme que la taxe carbone n'entraînera pas de hausse des prélèvements obligatoires. Etes-vous rassurée ?


Ségolène Royal : Ça bouge. Encore un effort Monsieur Fillon, et bientôt vous renoncerez peut-être à cette taxe inefficace écologiquement et qui prend du pouvoir d'achat aux Français ! Il y a d'autres solutions, comme le bonus-malus. La règle du pollueur-payeur et la taxation des superprofits des compagnies pétrolières également.

Avec le produit de cette taxation, on pourrait financer la commercialisation de la voiture électrique comme celle d'Heuliez en Poitou-Charentes. C'est cela qu'on appelle une fiscalité écologique intelligente.

Alain Juppé se dit « pour une taxe carbone mais contre un impôt nouveau ». A-t-il raison ?

On atteint là le comble de la langue de bois : qu'est ce qu'une taxe sinon un impôt ? Néanmoins, tout n'est pas négatif dans les déclarations d'Alain Juppé. L'ancien ministre a bien vu la supercherie qui consiste à mettre en place un impôt uniforme et aveugle sous prétexte de défense de l'environnement. Et lui aussi commence à prendre en considération ce que j'ai toujours dit.

Oui, il faut un dispositif juste et efficace. Mais commençons d'abord par développer les transports en commun et la voiture électrique.


La proposition alternative du PS porte sur une « contribution climat-énergie » : vous convient-elle ?

Mais il n'y a pas de proposition alternative. Tout cela est abstrait et virtuel. La contribution énergie-climat, c'est la taxe carbone étendue aux énergies non fossiles. Ce qu'il faut c'est une fiscalité écologique intelligente comme je l'avais écrit dans mon programme présidentiel. Je l'ai fait en tant que ministre de l'Environnement pour régler le problème des déchets.
A propos de votre bilan en Poitou-Charentes, le sénateur Jean-Pierre Raffarin a parlé « d'échec total » et dit qu'« il ferait tout pour battre Royal »...
En disant cela, il dénigre la région. Et j'espère que ça va mobiliser tous les démocrates et élus, gauche et droite confondues, qui ont fait du bon travail. La région est sur tous les fronts. Elle est dans le futur. Ce qu'a affirmé l'ancien Premier ministre n'est pas crédible.

Le chef de l'opposition ici, c'est Henri de Richemont. Lui, il ne dit pas n'importe quoi et il a travaillé.


Le défilé des ministres de Sarkozy en Poitou-Charentes vous inquiète-t-il ?

C'est sans doute un hommage à l'action que j'y mène. Ils viennent chercher des bonnes idées.

Ils disent qu'ils ne vont pas me lâcher ? Ils sont en effet très agressifs. Voyez la fausse polémique sur ma mission au Pnud...

Certains vous accusent en effet d'avoir usurpé le titre d'« ambassadrice »du Pnud, une agence de l'ONU consacrée au développement. Que répondez-vous ?
Il est curieux que cette polémique qui est née au mois de juin ressorte en ce moment. C'est une vieille technique utilisée par l'Elysée pour me discréditer, pour me diffamer, en plein débat sérieux sur la taxe carbone. Je n'ai jamais prétendu être ambassadrice.

J'ai été sollicitée par le Pnud pour assumer une mission de représentation des régions du monde dans la défense de l'environnement, avec l'accord de Jean-Louis Borloo. Selon le Pnud, l'Elysée a donné son feu vert en juin !

C'est une polémique bien dérisoire au regard de l'enjeu : la protection de la planète.
 
Votre ami Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional de Rhône-Alpes, veut construire une coalition « arc-en-ciel » allant du PC au MoDem. Est-ce un modèle que vous pourriez appliquer ?
C'est une bonne attitude.

J'ajoute que les convergences entre forces politiques se font d'abord sur la base d'un bilan et d'un projet. Ceux qui veulent poursuivre ce qui a été entrepris depuis 2004 et qui se reconnaissent dans notre projet sont les bienvenus pour partir unis sur une liste.

Pourrait-il y avoir des convergences avec les élus du MoDem ?
Bien sûr. J'ai eu des contacts tout au long de la mandature avec les élus centristes.

Je suis ouverte.

Que dites-vous aux Verts qui sont tentés de monter une liste au premier tour en Poitou-Charentes ?
Ils vont en débattre localement. Mais cela fait très longtemps que je leur ai proposé de défendre ensemble notre bilan. Avec toute l'équipe, j'ai fait plus que le programme des Verts, beaucoup plus.
J'ai mis la dimension écologique partout, y compris dans notre politique économique, et les Verts ont toujours beaucoup de liberté d'action et de respect.

L'excellence environnementale débouchant sur des emplois, c'est la ligne de force de mon mandat.
 
Ce sera votre thème pour la prochaine campagne ?
Oui, avec la démocratie participative. Mais j'irai au-delà ce que nous avons fait. Je souhaite mener une campagne très originale qui permette d'associer la population.

Je veux, par exemple, mettre en place des jurys citoyens pour tirer le bilan ce qui a été fait, pour définir le projet du prochain mandat. Ce sera écologie et démocratie participative à tous les étages !
 
Vous avez déclaré pouvoir être « la candidate écologiste » lors de la présidentielle de 2012. Etait-ce une boutade ?
Pas forcément. L'avenir le dira.

J'ai une compétence, un savoir en matière de défense de l'environnement. Je dirai même que cela remonte à mon enfance. J'ai été élevée avec des principes de respect de la nature.

Je trouve révoltant que l'on puisse instrumentaliser l'écologie et que l'on tue cette belle idée avec un impôt nouveau...
 
Vous dites souvent avoir «un coup d'avance » sur tous les autres responsables politiques...
C'est la raison pour laquelle je suis violemment critiquée. Y compris au sein de ma propre famille politique. Regardez, les primaires, la démocratie participative...

Et même l'ouverture au MoDem : aujourd'hui les socialistes disent tous « bienvenue » ! Y compris l'ancien premier secrétaire (NDLR : François Hollande) et Martine Aubry.

Que n'ai-je pas entendu sur cette question lors du congrès de Reims ! La coalition anti-Royal s'est faite uniquement sur notre proposition de faire alliance avec le centre. Aujourd'hui tout est repris.

Ce n'était donc qu'un prétexte ? Mais tant mieux si les bonnes idées font leur chemin. Appliquons-les.

Le PS s'inspire donc toujours de vous ?
Jean-Jack Queyranne a dit « ils font du Ségolène sans Ségolène »... Eh bien, il a peut-être raison !

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